Le « Cœur » que nous adorons aujourd’hui est celui de Jésus : un cœur humain, semblable au nôtre. Mais même si nous le représentons habituellement par l’organe qui fait circuler le sang dans nos corps, ce n’est pourtant pas l’organe que nous adorons. Selon la conception que la Bible se fait de l’homme, en effet, le « cœur » est surtout le centre le plus intime de la personne : c’est du « cœur » que viennent toutes ses pensées et ses sentiments. Nous en faisons l’expérience, nos cœurs à nous sont ainsi habités par une foule de pensée, bonnes et mauvaises, et il est parfois difficile de faire le tri entre elles. En Jésus, rien de tel : son cœur est tout entier habité par une seule pensée, « la compréhension » de Dieu. « Tu m’as donné un cœur pour comprendre », dit la Bible, c’est-à-dire « pour être habité de Dieu » : voilà ce qui s’est réalisé dans le « Cœur » de Jésus. Et Dieu n’a qu’une pensée : l’Amour. Le Cœur de Jésus, le centre de sa personne, c’est ainsi le lieu où s’énonce sa mission : « j’aimerai tous les hommes, du premier jusqu’au dernier, et à tous, j’offrirai le repos et la vie ». Ou encore, comme Jésus le dit lui-même à Ste Marguerite Marie, lors d’une des apparitions de Paray le Monial en 1673 : « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes ! ». C’est cet Amour divin dans un cœur d’homme, à destination de tous les hommes que nous célébrons aujourd’hui !

En méditant au long des siècles sur cet amour qui réside au cœur de la personne de Jésus, l’Église y a vu la source de tous les bienfaits que Dieu donnait à son peuple : l’Église elle-même, comme famille qui vit de cet amour ; les sacrements qui viennent refaire notre vie ; l’intelligence des Écritures, qui deviennent alors une lettre de feu ; la grâce, qui est l’énergie divine qui nous rend présents à Dieu ; la foi, qui nous attache au Christ ; la charité, qui nous tourne vers les autres ; l’espérance, qui nous fait attendre dans la confiance le retour du Christ. Bref, tout ce qui nous fait connaître, agir, sentir, espérer, aimer, vibrer ; tout ce qui nous fait rire dans la joie de Dieu, ou pleurer sur nos péchés et nos souffrances, tout ce qui nous fait donc prier, louer et supplier – tout cela, pour peu que ce soit un don de Dieu, vient du Sacré-Cœur de Jésus : du Christ, qui nous promet aujourd’hui dans l’Évangile, le repos et la vie. Amen.

Père Olric de Gélis