Être généreux jusqu’à quel point ? A vrai dire la question n’a pas à se poser. Car le don de soi s’affranchit des limites du raisonnable. C’est l’enseignement que nous retirons de l’exemple de ces deux veuves. La pauvre veuve de l’évangile aurait fort bien pu « partager » avec Dieu, offrir une piécette et garder l’autre pour elle. Vu la précarité de sa condition, c’eût déjà été bien davantage que « donner de son superflu ». Pourtant, tel n’est pas son choix : « elle donne tout ce qu’elle avait pour vivre ». Donner, c’est s’abandonner totalement, faire confiance sans même penser que l’on recevra quelque chose en retour. Donner, ce n’est pas marchander. Donner c’est entrer dans le mouvement de la gratuité de la charité divine telle que nous la voyons manifestée dans la vie de Jésus Christ.
La radicalité du geste de cette veuve peut nous paraître excessif, peut-être parce que nous ne nous sentons pas capable d’en faire autant. Mais en attendant de pouvoir tout donner, si nous commencions par partager notre nécessaire avec nos frères et avec Dieu… Le partage de notre nécessaire ne concerne pas seulement ce qui touche au domaine matériel. Par exemple, nous pouvons nous interroger pour savoir si nous savons offrir à Dieu les moments de notre journée les plus féconds. Normalement, Dieu ne devrait-il pas être le premier et le mieux servi ? De la même façon, avec nos frères et sœurs, savons-nous à tout instant nous tenir dans une véritable disponibilité de cœur pour répondre à celui ou celle qui viendra solliciter notre écoute ou notre attention ?
Les textes de ce dimanche sont sans doute l’occasion de réveiller en nous la conscience que le partage est une dimension essentielle de notre vie chrétienne parce qu’il atteste de la crédibilité de ce que nous confessons et parce qu’il est le lieu où l’amour sauveur de Dieu, révélé dans le don de Jésus sur la Croix, peut continuer à se répandre en nous et autour de nous.