La récente mémoire de sainte Scholastique – mardi 10 février – me donne envie de vous parler de son frère jumeau : saint Benoît. L’un des charismes propres qu’il développa au long de sa vie terrestre fut son habileté toute spéciale à déjouer les pièges de l’Adversaire. Autrement dit, à manifester clairement l’illusion du péché, la distorsion de la réalité qu’il produit lorsqu’il se présente à nous. L’évangile de la guérison du lépreux, que nous lisons ce dimanche (Mc 1,40-45), témoigne de cette purification que Jésus veut nous offrir. Sur lui, le contact de la lèpre n’a nulle prise. C’est elle au contraire qui disparaît lorsqu’il la touche.
Un jour bien ancien, un frère de saint Benoît demandait son départ du monastère, et le Père Abbé le lui accorda. Ayant rassemblé ses affaires, le moine se précipita tout joyeux à la conquête du monde, croyait-il ! Bien vite en chemin, il reçut la vision d’un immense dragon prêt à le déchirer. Reprenant ses esprits, le frère comprit le danger qui le guettait, s’il abandonnait son engagement religieux comme il l’avait prévu. Il rentra alors au monastère et le cœur désormais converti, il demeura fidèle jusqu’à la mort (histoire rapportée par le père Blaise Pons o.s.b.). De même que la lèpre représente dans l’Écriture la défiguration du péché, quelle que soit sa forme, le péché représente une illusion du bien, qui nous enferme progressivement dans le malheur.
Retenons la prière de saint Benoît, qui continue d’exercer son charisme pour nous aider à dissiper les tromperies du démon, lorsque le péché nous environne : « Croix Sainte, sois ma lumière ! Que le démon ne soit pas mon chef. Arrière Satan ! Cesse de me suggérer des choses vaines. C’est du poison que tu offres. Bois-le toi-même ! ».