L’évangile de ce dimanche oppose les grands prêtres et les Anciens du peuple aux publicains et aux prostituées. Les premiers observent la Loi de Moïse avec ferveur tandis que les seconds la dédaignent en en falsifiant le rapport aux biens et au corps. Pourtant, ce sont les seconds qui trouvent grâce aux yeux de Jésus : « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu ». Jésus ne complimente pas leur vie, mais leur disponibilité intérieure. L’appel à la conversion proclamé par Jean-Baptiste résonne en eux. C’est comme si leurs faiblesses et leurs péchés les rendaient plus sensibles à la volonté du Père que les certitudes des sages. Au fond, les “bons croyants“, que nous sommes peut-être, sont comme anesthésiés. Ils ne ressentent plus le besoin d’être sauvés puisqu’ils sont en règle avec la loi de Dieu.
Nous faut-il alors envier la vie fragmentée et peu reluisantes des publicains et des prostituées ? Nous n’avons pas à l’envier car c’est déjà la nôtre ! Nous sommes tous pécheurs, et ne pas l’être (de trop !) dans les faits n’est que l’effet de la miséricorde de Dieu qui connaît notre grande faiblesse. Sainte Thérèse de Lisieux que nous fêtons aujourd’hui l’avait bien compris lorsqu’elle écrit : « je reconnais que sans lui j’aurais pu tomber aussi bas que sainte Madeleine, (…) je sais aussi que Jésus m’a plus remis qu’à ste Madeleine, puisqu’il m’a remis d’avance, m’empêchant de tomber. »
Qu’en conclure ? Qu’il nous faut être humble, que nous sommes des pauvres, et que les pauvres que nous voyons nous le rappellent. Nous les croisons dans les rues de Paris, dans cette église. Puissent-ils en ce début d’année réveiller en nous le désir de nous tourner davantage vers le Père pour accomplir sa volonté.
Père Bertrand Arsac
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