Jean-Paul II
« Ce n’est qu’à travers le mystère du Coeur blessé du Christ que celui qui aspire au bonheur authentique et durable peut en trouver le secret. »
« Ce n’est qu’à travers le mystère du Coeur blessé du Christ que celui qui aspire au bonheur authentique et durable peut en trouver le secret. »
[Article de www.sanctuaires-paray.com]
Toutes les cultures ont reconnu dans le cœur le centre de la vie, l’organe dont le rythme régulier scande chaque instant de l’existence. Le cœur accompagne l’homme dans ses relations : il bat au rythme de ses sentiments les plus profonds, les plus secrets, marqués par l’amour. Le cœur apparaît comme quelque chose capable de s’ouvrir pour recevoir et se donner dans une relation, ou se condamne à se fermer.
La Bible parle du cœur pour exprimer le lieu le plus intime de l’homme, où siège son être intérieur : ses sentiments, ses élans et ses désirs, mais aussi sa mémoire, sa volonté et son intelligence : on ne connaît qu’avec le cœur. Le cœur est le tout de la personne, son “jardin secret” que nul ne connaît, sinon Dieu seul. C’est le cœur qui cherche Dieu : voilà pourquoi c’est dans le cœur que Dieu se laisse trouver, car Dieu habite le cœur de l’homme.
Le cœur est le tout de la personne. Ainsi, parler du Cœur de Jésus n’est évidemment pas discourir à propos de son organe cardiaque… Néanmoins, c’est bel et bien pénétrer dans le mystère de Dieu qui prend corps, se fait homme sans pour autant cesser d’être Dieu. Dès la Pentecôte, les apôtres l’ont reconnu comme, à la fois, véritablement Dieu et véritablement, totalement et parfaitement homme. Au point que l’amour que l’homme Jésus porte à son Père et aux hommes, ses frères, est l’amour divin lui-même : amour parfait, insondable, toujours premier, inconditionnel, inlassable et tout entier miséricordieux, souffle intime de la vie qui reçoit pour nom : Esprit de Dieu. Dieu nous aime. En créant l’homme, il l’a voulu digne d’amour et capable d’amour : il lui a façonné un cœur. Que ce cœur se ferme et l’homme meurt de ne plus être aimé et de ne plus être capable d’aimer. Dieu refuse que le dernier mot de l’homme soit dans cette mort ! En Jésus, ce dernier mot est prononcé dans un cœur ouvert, alors même que la mort croyait le tenir en son pouvoir. Le Cœur transpercé du Christ est le signe paradoxal de la victoire de l’amour sur la mort. Ce geste est un appel lancé pour que notre cœur uni à celui du Christ s’ouvre pleinement et résolument à l’amour, et retrouve par là toute la saveur de la vie.
Il est étonnant de voir que le Christ ne se plaint pas tant du péché que de l’indifférence des hommes, une indifférence qui les ferme à l’offrande de Jésus sur la Croix et la rend comme inutile. C’est pour cela que le message de Paray-le-Monial contient un appel à la réparation et à la consolation du Cœur de Jésus (Réparer = aimer pour ceux qui n’aiment pas). Chaque fois que nous posons un acte d’amour, mystérieusement, c’est tous les hommes en reçoivent les conséquences.
Sur le point d’être livré et cloué en croix, Jésus réunit ses apôtres pour célébrer avec eux le repas de la Pâque. Pendant ce repas, Jésus offre son Corps et son Sang pour le rachat de l’humanité et son entrée dans la vie éternelle. Après la mort de Jésus sur la croix, comme c’était le vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat (d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). » Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier puis du deuxième des condamnés que l’on avait crucifiés avec Jésus. Quand ils arrivèrent à celui-ci, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté, et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau » (Jn 19,31-34).
» Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’écriture : Des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur. En disant cela, Jésus parlait de l’Esprit Saint, l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui » (Jn 7,37-38)
Sur le Golgotha s’accomplit la prophétie de Zacharie : » Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19,37).
Désormais et jusqu’à la fin des temps, attirés jusqu’à la croix où pend Jésus, Révélateur et Témoin de la tendresse de Dieu, innombrables seront ceux qui savent qu’un cœur est ouvert, source inépuisable à laquelle tous sont appelés à boire avec joie.
Le troisième jour après sa mort, les apôtres se rendent au tombeau et le découvrent vide.
St Thomas, incrédule, mettra le doigt dans les plaies des mains et du côté transpercé du Christ ressuscité. Bouleversé, il s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20,28-29).
Jésus ressuscité apparaît « à plus de cinq cents frères « , dira saint Paul, et notamment aux apôtres. Il les envoient proclamer par toute la terre l’évangile du Salut.
Le jour de la Pentecôte, les Apôtres font l’expérience de l’amour infini de Dieu pour eux-mêmes et pour tous les hommes c’est » l’effusion de l’Esprit Saint « . Poussés intérieurement par l’Esprit et par le Christ vivant en eux, les Apôtres partent annoncer l’évangile dans le monde entier.
– St Jean, le premier, reposa la tête sur la poitrine de Jésus au moment où celui-ci va être livré. Entendant battre ce cœur, le disciple a fait l’expérience de l’abîme d’amour par lequel Jésus sauve l’humanité (d’après les dialogues de Ste Catherine de Siennes).
St Paul, apôtre du mystère insondable de l’amour de Dieu pour les hommes, sera spécialement envoyé proclamer l’évangile aux païens : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi et que vous soyez enracinés, fondés dans l’amour » (Ephésiens 3,17).
« Nous avons été taillés dans le Coeur du Christ comme pierres arrachées du rocher (…), lui qui verse l’eau vive dans le cœur de ceux qui, en lui, aiment le Père en toute chose et étanche la soif de ceux qui veulent boire aux sources de la Vie. » St Justin.
St François d’Assise (XIe s.) entend l’appel radical de l’évangile à n’avoir pour seule richesse que l’amour du Christ : » L’Amour de Dieu seul suffit. Mais l’Amour n’est pas aimé ! » Tellement uni à son Dieu, il sera marqué jusqu’en son corps par les plaies de l’Amour.
À Ste Catherine de Sienne, Jésus confie : » tu découvres le secret du coeur, puisqu’il te montre que je vous aime plus que je ne saurais le prouver avec une souffrance finie (…) C’est pour vous le faire connaître que j’ai voulu que du sang et de l’eau jaillissent de mon côté. »
Dès le XIIIe siècle, les grandes mystiques contemplent particulièrement le Christ au côté transpercé :
Ste Lutgarde (1246), oblate bénédictine d’origine flamande, reçoit la vision du Christ lui demandant son coeur : » Accordez à mon coeur, lui répond-elle, l’amour de votre propre Coeur ; qu’en vous, je conserve mon coeur bien à l’abri, et, pour toujours, sous votre protection. »
À Ste Mathilde de Magdebourg (1270), jeune moniale allemande, Jésus dit : « Toutes les souffrances et les mépris [que j’ai endurés] ne furent qu’un coup frappé à la porte du Ciel, jusqu’à ce que le Sang de mon Coeur fut répandu sur la terre ; alors seulement fut ouvert le Royaume des Cieux. »
Ste Gertrude (1302) demande au Christ pourquoi avoir gardé si longtemps le silence au sujet du mystère de son Coeur. Jésus répond : » La douce éloquence des battements de mon Cœur est réservée aux temps modernes, afin que le monde vieillissant puisse s’y réchauffer. »
Le XVIIe siècle connaît une impressionnante efflorescence spirituelle. À Paray-le-Monial, Marguerite-Marie en fait partie, dans le sillage des grands témoins de l’Amour. Jésus lui apparaît plusieurs fois.
« Mon Divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes et pour toi en particulier, que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen et qu’il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre. »
» Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes « .
Dans une communication plus personnelle, Jésus demande à Marguerite-Marie de l’accompagner chaque jeudi soir, durant une heure, pour participer à son agonie à Gethsémani. Il lui dit : « C’est ici où j’ai le plus souffert qu’en tout le reste de ma Passion (…) ; il n’y a point de créature qui puisse comprendre la grandeur des tourments que je souffris alors ».
Marguerite-Marie n’a pas « inventé » la dévotion au Sacré Cœur. Celle-ci se déploie particulièrement au XVIIe siècle grâce à elle et à d’autres missionnaires.
St Jean Eudes (5) missionnaire au cœur de feu, travaille ardemment à la réforme du clergé. Aux prêtres de la congrégation qu’il a fondée, il écrit : » Il nous faut apprendre de notre divin Docteur, qui est Jésus, à être humbles non seulement d’esprit mais de cœur. » Il composera la première messe en l’honneur des cœurs de Jésus et Marie.
Un autre témoin du Cœur de Jésus a marqué de sa présence discrète et rayonnante Paray-le-Monial : Claude la Colombière, jésuite et confesseur de Marguerite-Marie. Une chapelle lui est dédiée prêt du monastère de la Visitation où a vécu Ste Marguerite Marie et où elle eût ses apparitions.
Les personnages sont numérotés sur cette image :
1. L’apôtre St Jean 2. St François d’Assise 3. Charles de Foucault 4. St Claude la Colombière 5. St Jean Eudes 6. La Vierge Marie 7. St Paul 8. St François de Sales 9. Le Père Matéo 10. Ste Jeanne de Chantal 11. Ste Marguerite-Marie.
Les soeurs de la visitation doivent promouvoir la dévotion au Coeur de Jésus, mais les jésuites sont chargés d’expliquer théologiquement le mystère du Cœur de Jésus.
» Sacré Cœur de Jésus, apprenez-moi le parfait oubli de moi-même puisque c’est la seule voie par où l’on peut entrer en vous.
Puisque tout ce que je ferai à l’avenir sera à vous, faites en sorte que je ne fasse rien qui ne soit digne de vous. Enseignez-moi ce que je dois faire pour parvenir à la pureté de votre amour duquel vous m’avez inspiré le désir.
Je sens en moi une grande volonté de vous plaire et une grande impuissance d’en venir à bout sans une grande lumière et un secours très particulier que je ne puis attendre que de vous.
Faites en moi votre volonté, Seigneur je m’y oppose, je le sens bien mais Je voudrais bien, ce me semble, ne pas m’y opposer. C’est à vous à tout faire, divin Cœur de Jésus-Christ. Vous seul aurez toute la gloire de ma sanctification si je me fais saint cela me parait plus clair que le jour. Mais ce sera pour vous une grande gloire et c’est pour cela seulement que je veux désirer la perfection. Amen. »