Pour une époque habituée à la communication éclaire des réseaux sociaux, habituée aux images dynamiques de la vidéo, prendre vingt minutes debout pour écouter un long récit, sans musique, sans image : cela est étrange ! Et pourtant, chaque année le récit de la Passion s’impose à nos assemblées des Rameaux, du Vendredi Saint ; s’impose à nos mémoires, à notre agitation, à notre angoisse. C’est toujours une belle écoute qui a lieu, qui s’empare de nous.
Le récit est sobre, sans aspect sanguinolent, employant des mots simples. Il ne vise pas l’épopée. Aucun commentaire poétique, aucune expression affective ou emphatique, n’y apparaît. Il n’y a pas de commentaire. C’est un récit qui nous déborde de toutes parts, qui nous dépasse, qui nous fait passer à autre chose : la Pâques. Elle est un trop plein qui emporte chacun au-delà de sa foi, de sa capacité à raisonner, de ses problèmes, de lui-même. L’amour qui va jusqu’au bout, l’infiniment grand de Dieu se laisse apercevoir. Et voilà l’Église qui se contente de lire et de relire ce texte simple. Elle est comme abasourdi par autant de contenu. Elle sait qu’elle n’arrivera jamais à pleinement comprendre ce qui se passe là. La Pâques est le mystère de Dieu révélant son amour dans le monde.