Tout le monde désire être heureux, et Jésus semble désirer tout autant notre bonheur à travers les interjections des Béatitudes : « heureux ! ».
Pourtant, qui peut un seul instant imaginer que le bonheur puisse être associé à tous les maux que le Seigneur énumère : faim, exclusion, pleurs, mépris, haine. Il n’y a pas de bonheur possible dans de telles conditions. Et que dire du malheur assuré à ceux qui au contraire sont dans l’aisance et la satisfaction de tous leurs besoins ?
Notre instinct profond ne peut pas supporter ce discours, ni même notre sens de la compassion qui nous pousse à pleurer avec ceux qui pleurent. De quelle promesse les béatitudes parlent-elles ? Et bien d’une promesse de bonheur qui touche au plus profond de notre être. Quand nous sommes dépossédés de tout, livrés aux larmes et au découragement, peut émerger de notre cœur cette conviction de fond que néanmoins ne me sera jamais ôté la présence de Dieu, une sourde espérance qui me conduit à mettre un pas en avant, ou à remettre l’ouvrage sur le métier. Non pas comme des condamnés qui purgeraient une peine sans fin, mais comme des êtres libres conduits par Dieu et qu’anime l’espérance.
Saint Claude la Colombière, jésuite ami de sainte Marguerite-Marie, que nous fêtions hier écrit une prière qui parle à nos cœurs et que nous pouvons faire nôtre :
« Mon Dieu, je suis si persuadé que tu veilles sur ceux qui espèrent en toi, et qu’on ne peut manquer de rien quand on attend de toi toutes choses (…) Certains peuvent attendre leur bonheur de leurs richesses ou de leurs talents. Pour moi, Seigneur, toute ma confiance, c’est ma confiance même ; cette confiance ne trompa jamais personne. Je suis donc assuré que je serai éternellement heureux, parce que j’espère fermement de l’être, et que c’est de toi, ô mon Dieu, que je l’espère. Amen.»