« 2025, Jubiler ensemble » (Extraits)

« 2025, Jubiler ensemble » (Extraits)

Notre joie, c’est d’appartenir au Christ, c’est de vivre au plus près de Lui, l’admirant dans Sa vie terrestre, nous efforçant de l’écouter, de le suivre et ne faisant pas mystère de notre amitié pour Lui quand il nous est donné l’occasion de la montrer…
On entend parfois dire qu’il faut défendre la foi chrétienne, défendre contre notre monde les valeurs du christianisme et l’Église qui les porte ; je crois vraiment que notre combat consiste plutôt à protéger l’homme, victime des idoles de la puissance et de la domination, à porter le témoignage de ce que nous croyons être à la hauteur de la dignité de l’homme, et à refuser toujours l’utilisation du nom de Dieu à des fins violentes et conquérantes.
Contrairement à un sentiment qui se diffuse, ici ou là, l’Église n’est pas à l’abandon ; elle se sait petite et toujours fragile, mais elle est animée d’une ferveur priante, missionnaire et fraternelle…
L’Église demeure donc un ensemble structuré, organisé de telle sorte que sa vocation servante et missionnaire soit rendue toujours plus visible. Mais cela n’apparaît vraiment que si chacun dans sa propre vocation respecte profondément les autres vocations et les personnes qui les vivent. Une Église synodale c’est une Église qui est heureuse et fière de la grande diversité de ceux qui la composent : jeunes et vieux, pauvres et riches, autochtones ou étrangers, en bonne santé ou malades, doués de multiples aptitudes, porteurs de handicap… mais c’est aussi une Église reconnaissante à Dieu de chacune des vocations qu’Il a désiré y introduire.
C’est pourquoi à Paris, nous prions pour « que les familles, les paroisses et tous les groupes chrétiens soient des lieux où s’épanouissent toutes les vocations. »

LETTRE PASTORALE DE MGR LAURENT ULRICH, ARCHEVÊQUE DE PARIS, 24 JANVIER 2025. (Extraits)

Homélie de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris – Saint-Nicolas-des-Champs dimanche 9 février 2025

https://dioceseparis.fr/homelie-de-mgr-laurent-ulrich-65282.html

Dimanche 9 février 2025 – 5e Dimanche du temps Ordinaire – Année C
Messe à Saint-Nicolas des Champs (3e) – Journée mondiale des malades
– Is 6,1-2a.3-8 ; Ps 137, 1-5.7-8 ; 1 Co 15, 1-11 ; Lc 5, 1-11

Nous l’avons chanté avec le psaume – « Je te chante, Seigneur, en présence des anges » – et nous l’avons entendu dans la première lecture tirée du Livre d’Isaïe. La vision d’Isaïe met le Seigneur Dieu dans le lointain et au milieu d’une cour céleste importante et imposante pour le pauvre serviteur de Dieu qui s’apprête à être envoyé en mission. Isaïe a le sens de la grandeur de Dieu, de son éloignement, de sa majesté et il accueille de lui comme une grâce d’être mis en sa présence. Nous aimons souligner la proximité de Dieu mais il est nécessaire aussi de ne pas oublier cette majesté du Seigneur de l’univers, que nous adorons, devant lequel nous nous inclinons, et duquel nous chantons la gloire avec les anges. La première lecture et le psaume se confortent mutuellement dans cette vision d’un Dieu qui domine complétement le monde qu’il a créé, qu’il veut, et avec lequel nous pouvons entrer en relation. C’est l’épreuve qu’Isaïe vit lorsqu’il comprend que, dans l’éloignement où se trouve Dieu et sa majesté, il y a pourtant beaucoup de proximité. « Qui enverrai-je ? » dit le Seigneur, et il répond : « Moi, me voici. Envoie-moi ! » Et pourtant Isaïe a dit : « Je ne suis pas capable, je suis un homme aux lèvres impures. » C’est Dieu lui-même qui va purifier ses lèvres ; c’est Dieu lui-même qui, s’apprêtant à le choisir, lui dit : « C’est vrai tu es pécheur, c’est vrai tu es loin de moi, c’est vrai ton cœur n’est pas bien accordé, mais je vais te donner mission pourtant. Parce que justement, dans ta faiblesse, tu vas pouvoir rejoindre les faibles, tu vas pouvoir rejoindre tes frères, tu vas pouvoir leur dire : Moi qui ne suis qu’un pauvre pécheur je vous annonce la grandeur et la miséricorde de Dieu. »

Évidemment, de façon très consonante à ceci, la Lettre de Paul dit la même chose. Paul a bien le sentiment de ne pas être digne d’être même comparé aux apôtres. Il se dit : « Je ne suis qu’un avorton », je suis une petite chose de rien du tout à côté de la grandeur des douze, à côté des cinq cents qui ont pu être dans une assemblée, rencontrés par le Seigneur après sa résurrection. Paul a bien le sentiment d’être pécheur : il a largement péché contre le Seigneur en courant après les premiers chrétiens et en voulant les empêcher de parler. Il a fait partie de ceux qui militaient contre cette nouvelle voie. Paul a vraiment ce sentiment d’avoir été choisi complétement par grâce, de ne pas être vraiment outillé personnellement, de ne pas être personnellement celui qu’il aurait fallu choisir. Et pourtant, c’est lui à partir de qui l’ensemble du monde connu va être informé, va connaître la nouvelle du Salut apporté par le Christ.

De la même façon, les douze et l’apôtre Pierre ont commencé aussi à découvrir et leurs faiblesses, et leurs péchés, leur petitesse, au regard de ce que Jésus allait proposer de vivre. D’abord, Jésus parle d’abondance et il réjouit le peuple qui l’écoute. Et ensuite il emmène ses amis, ses disciples, ses apôtres, au milieu du lac pour aller faire leur métier de pêcheurs et il les oblige à jeter les filets contre toute attente, alors que rien n’allait. Et Pierre a ce sentiment, comme Isaïe, comme Paul l’aura plus tard : « Je ne suis qu’un pauvre pécheur éloigne-toi de moi. Comment se fait-il que j’ai été choisi ? Comment se fait-il que tu t’adresses à moi ? »

Nous entendons aujourd’hui ce message et nous le comprenons, il nous est rappelé d’une certaine façon, nous le savons bien. Nous avons, chacun de nous, le sentiment de notre petitesse à l’égard de la grandeur de la Bonne Nouvelle du Salut. Nous avons le sentiment de n’être pas à la hauteur. Combien de fois j’ai entendu cela : des hommes et des femmes à qui l’on demande un service ; des hommes qui se préparent à être prêtres, à être diacres, ou des hommes et des femmes qui vont entrer dans un service de l’Église d’une façon ou d’une autre, et qui se disent : « Je ne suis pas assez formé, je ne sais pas parler, je ne sais pas me mettre en relation, je ne sais pas faire ceci, je ne sais pas faire cela. Suis-je vraiment digne ? » Et, je peux le dire, quand nous sommes appelés à être diacres, prêtres et évêques, nous nous disons cela les uns les autres. Et nous avons le sentiment de ne pas être à la hauteur. Nous avons ce sentiment très fort. Et pourtant le Seigneur nous dit : « Je ne te choisis pas pour tes qualités mais je te donne la force de vivre ce que tu auras à vivre. Fais confiance à l’appel que je t’ai adressé pour vivre et pour annoncer la Bonne Nouvelle que je t’ai confiée, que tu as découverte pour toi-même. Ce que tu as vécu, tu peux le faire comprendre autour de toi sans avoir peur. »

L’espérance ne déçoit pas, nous rappelle saint Paul, nous rappelle le pape pour cette année jubilaire. Et en ce dimanche, le pape ajoute que l’espérance ne déçoit pas et qu’elle donne la force dans l’épreuve. Il s’adresse évidemment aux malades. Il s’adresse aussi, je le crois, à tous ceux qui concourent à la pastorale de la santé et qui veulent approcher des malades et leur donner le témoignage parfois silencieux, parfois d’une simple présence, que le Seigneur ne les oublie pas. C’est très important de se souvenir de cela, de se dire : « Même dans ma situation, même moi qui suis fragilisé par la maladie, je peux témoigner de l’amour et de la miséricorde de Dieu dans cette épreuve que je vis. Et le sacrement des malades est justement cette force d’espérance qui va m’être communiquée, qui m’est communiquée tous les jours et, par le sacrement, va être rendue visible. »

Nous pouvons prier pour nos frères et sœurs qui vont recevoir le sacrement des malades, ici dans cette église, mais aussi partout dans le monde puisque c’est la Journée mondiale de prière pour les malades. Nous pouvons aussi prier pour tous ceux qui s’approchent des malades avec un service à leur rendre, le service de l’amitié, de la fraternité, mais aussi le service de l’Église, le service d’aumônerie, le service de présence aux malades, le service d’accompagnement, le service de tous ceux qui sont liés à la pastorale de la santé en hôpitaux et à domicile, dans bien des situations. Que le Seigneur donne à chacun cette certitude qu’il n’est jamais tout à fait digne mais que pourtant, dans la situation qu’il vit, dans le ministère qu’on lui confie, dans le service qu’il rend, mais aussi dans sa situation même de malade, de personne fragilisée d’une façon ou d’une autre, l’espérance ne le déçoit pas, l’espérance ne le décevra pas, l’espérance lui donnera la force dans l’épreuve.

Prions les uns pour les autres et gardons au cœur cette certitude que, malgré notre fragilité et notre faiblesse, le Seigneur fait de nous ses témoins au quotidien.