Ce n’est pas le moindre des paradoxes de notre époque de défaire d’un côté ce que nous recherchons de l’autre. Des lois récentes contribuent à opacifier la parenté au bénéfice de nouvelles formes dites de parentalités, et notre système éducatif a depuis longtemps maintenant largement renoncé à la transmission des savoirs et des modèles pour favoriser une autonomie dont la seule limite est la conformité à l’opinion commune. Et pourtant, la nature ayant horreur du vide, de nouvelles formes d’autorité apparaissent, et les nouveaux maîtres prennent les visages du scientifique, du politique et même du religieux. Et nous pourrions parler longuement des nouvelles réflexions sur la signification de la figure paternelle et de sa nécessité.
Jésus n’est pas tendre pour ceux qui usurpent les titres de père et de maître, les détenteurs de la Loi, toute vénérable soit elle. Il sait bien qu’hier comme aujourd’hui, la tentation est grande d’abuser d’un savoir ou d’une fonction pour imposer sa personnalité, son point de vue sur l’existence et de manière plus malheureuse encore son propre intérêt. Jésus nous enseigne qu’être « rabbi » ou père ne se décrète pas. Il réfère toute forme d’autorité au Père des cieux et à Lui-même : « Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux, (…) vous n’avez qu’un seul maître, le Christ ». Le Père et le Fils sont la source et la norme de toute forme d’autorité et leur marqueur commun nous le connaissons : vivre en humble serviteur.
Père Bertrand Arsac
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