Jésus dit à Pilate : « Je suis roi ». Sa détermination, son courage, sa liberté suprême sont frappants. Il a été arrêté, il est emmené au prétoire, il est interrogé par ceux qui peuvent le condamner à mort. Dans une telle circonstance, il aurait pu mettre en avant un droit naturel à se défendre, peut-être en essayant « d’ajuster les choses », en trouvant un compromis. Au contraire, Jésus ne cache pas son identité, il ne déguise pas ses intentions, il ne profite pas de la porte de sortie que même Pilate avait pourtant laissée ouverte. Non, il n’en profite pas. Avec le courage de la vérité, il répond : « Je suis roi ». Il prend la responsabilité de sa propre vie : je suis venu pour une mission et je vais jusqu’au bout pour témoigner du Royaume du Père. Il dit : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18,37). Jésus est ainsi. Il est venu sans duplicité, pour proclamer par sa vie que son Royaume est différent des autres royaumes du monde, que Dieu ne règne pas pour accroître son pouvoir et écraser les autres ; il ne règne pas avec des armées et par la force. Son Royaume est le Royaume de l’amour : « Je suis roi », mais de ce Royaume d’amour ; « Je suis roi » du Royaume de ceux qui donnent leur vie pour le salut des autres.
Chers amis, la liberté de Jésus attire ! Laissons-la vibrer en nous, qu’elle nous secoue, qu’elle suscite en nous le courage de la vérité. Et nous pouvons nous demander : si j’étais ici, maintenant, à la place de Pilate, face à Jésus, en le regardant dans les yeux, de quoi aurais-je honte ? Face à la vérité de Jésus, à la vérité qui est Jésus, quelles sont mes faussetés qui ne tiennent pas, mes duplicités qui ne lui plaisent pas ? Chacun de nous en a. Cherche-les, cherche-les. Nous avons tous de ces duplicités, de ces compromis, de cet “arranger les choses” pour que la croix s’éloigne. Nous avons besoin de nous mettre devant Jésus pour faire la vérité en nous. Nous avons besoin de l’adorer pour être libres intérieurement, pour éclairer notre vie et ne pas nous laisser tromper par les modes du moment, par les feux d’artifice de la consommation qui éblouissent et paralysent.
Chers amis, je souhaite que chacun d’entre vous puisse ressentir la joie de dire : « Avec Jésus, moi aussi je suis roi ». Je suis roi : je suis un signe vivant de l’amour de Dieu, de sa compassion et de sa tendresse. Je suis un rêveur ébloui par la lumière de l’Évangile et j’attends avec impatience les visions de la nuit. Et quand je tombe, je retrouve en Jésus le courage de me battre et d’espérer, le courage de rêver à nouveau. À tous les âges de la vie.