Vrai homme, Jésus s’est trouvé confronté avec les forces du mal dès le début de son ministère. Dès le début il a été victorieux; il sera vainqueur également lors de l’assaut final, son agonie et sa passion.
Ce récit des tentations évoque les trois tentations d’Israël durant la marche au désert:
- les pierres à changer en pains évoque l’épisode de la manne (Ex 16);
- l’adoration réclamée par le tentateur renvoie à l’apostasie du veau d’or (Ex 32);
- et la tentation de forcer la main à Dieu pour un miracle rappelle la révolte du peuple à l’oasis de Massa (Ex 17).
Les trois tentations que Jésus a écartées personnellement, en tant que Messie envoyé de Dieu, Israël les avait connues, collectivement, en tant que peuple témoin de Dieu.
Ces trois séductions de l’abondance, du pouvoir et du chantage à l’amour de Dieu, nous les retrouvons dans notre propre vie de baptisés. L’exemple de Jésus nous fait tourner le dos à ces tentations. Parce que nous sommes baptisés, parce que l’Esprit Saint nous donne part à l’œuvre messianique de Jésus, nous renonçons à miser sur l’aisance, sur la puissance, sur le sensationnel, et pour entrer dans la victoire de Jésus, nous imitons sa liberté.
C’est tout le sens de notre Carême:
- vivre en plénitude, et pas seulement de pain ou à la recherche de richesses;
- adorer Dieu seul, en lâchant devant lui tout désir de puissance;
- aimer Dieu avec suffisamment de gratuité pour cesser de vouloir le mettre à notre service.
Alors notre nourriture de chaque jour, nécessaire et agréable, sera d’accomplir sa volonté.
D’après Jean Lévêque,
carme de la Province de Paris
Tableau : La tentation au désert, Briton Rivière, 1898