« Il est réconfortant et salutaire, dans la prière pour les défunts, de méditer sur la confiance de Jésus envers son Père et de se laisser ainsi envelopper par la lumière sereine de cet abandon absolu du Fils à la volonté de son « Abbà ». Jésus sait que le Père est toujours avec Lui (cf. Jn 8, 29) ; qu’ensemble, ils ne font qu’un (cf. Jn 10, 30). Il sait que sa propre mort doit être un « baptême », c’est-à-dire une immersion dans l’amour de Dieu (cf. Lc 12, 50), et il va vers celle-ci certain que le Père réalisera en lui l’antique prophétie, que nous avons écoutée aujourd’hui dans la première lecture biblique : « après deux jours il nous fera revivre, / le troisième jour il nous relèvera / et nous vivrons en sa présence » (Os 6, 2). Cet oracle du prophète Osée se réfère au peuple d’Israël et exprime la confiance dans l’assistance du Seigneur : une confiance que le peuple n’a malheureusement parfois pas méritée, en raison de son inconstance et de sa superficialité, allant jusqu’à abuser de la bienveillance divine.
En la Personne de Jésus, en revanche, l’amour pour Dieu le Père devient pleinement sincère, authentique, fidèle. Il assume en lui toute la réalité de l’antique Israël et la conduit à son accomplissement. Le « nous » du peuple se concentre dans le « moi » de Jésus, en particulier dans ses annonces répétées de la passion, de la mort et de la résurrection, lorsqu’il révèle ouvertement aux disciples ce qui l’attend à Jérusalem : il devra être refusé par les chefs, arrêté, condamné à mort et crucifié, et le troisième jour ressusciter (cf. Mt 16, 21). Cette confiance singulière du Christ nous a été transmise à travers le don de l’Esprit Saint à l’Église, dans laquelle nous sommes entrés avec le Sacrement du Baptême.
Le « moi » de Jésus devient un nouveau « nous », le « nous » de son Église, lorsqu’il se communique à ceux qui sont incorporés à Lui dans le Baptême. Et cette identification est renforcée chez ceux qui, en raison d’un appel spécial du Seigneur, ont été configurés à Lui dans l’Ordre Saint. »