S’il existe un palmarès des expressions gentiment désuètes, les dérivés du nom « piété » en font bien partie ! Il est aujourd’hui rare de qualifier spontanément une personne – fût-elle un honnête paroissien – de « pieuse », ou encore de citer comme première qualité d’un ami sa piété. Et pourtant, la piété est une vertu très utile qui correspond au deuxième don de l’Esprit Saint. Nous ne pouvons pas véritablement aimer sans le don de piété, car il l’est l’antidote, reçu le jour de notre baptême, pour lutter contre cet égoïsme qui demeure assez tenace en nous-mêmes !
La piété désigne en fait un attachement à Dieu et à notre prochain, et l’origine latine du mot (pietas, qui a également donné « pitié ») signifie les sentiments de la clémence et de la bonté. Voilà qui nous rend déjà plus familière la piété, et la dégage de sa sonorité légèrement archaïque. Le récit nocturne de l’appel du jeune Samuel au temple du Seigneur (1S 3,3), que nous entendons ce dimanche, est un parfait exemple de piété. Samuel a le cœur suffisamment attendri par le don de piété, qu’il n’a pas beaucoup d’égoïsme. Aussitôt appelé, il se lève et manifeste sa disponibilité au prêtre Eli, qu’il croit l’avoir réveillé. Grâce à sa piété filiale envers Eli, il développe sa piété envers le Seigneur, qu’à l’époque il ne connaissait pas encore, nous dit l’Écriture. Laissons le Pape François résumer la piété : « c’est une confiance filiale en Dieu et être vraiment capable de se réjouir avec celui qui est dans la joie, de pleurer avec celui qui pleure, d’être proche de celui qui est seul ou angoissé ».
Une semaine après le Baptême de Jésus, redécouvrons ce don de piété, pour que ces temps pénibles soient l’occasion d’une plus grande joie et non d’un enfermement égoïste !