« Talents confiés »

En « confiant » des talents a ses serviteurs, le maître, comme le mot l’indique, leur fait confiance. Il est l’image de Dieu qui nous confie ses propres dons et nous fait confiance en nous associant à son œuvre de salut. Dieu donne à chacun des talents ! Chacun en reçoit selon sa capacité, chacun à sa manière, avec ses différences, ses qualités à déployer, ses défauts à corriger, son caractère, son tempérament, son vécu, son histoire… Dieu donne différemment certes, mais il donne à tous, et il se donne à tous ! En nous confiant ses dons, il nous fait donc une confiance totale !

Dans la parabole, le maître invite ses serviteurs à prendre des risques et des initiatives. Les deux premiers serviteurs se montrent dignes de la confiance de leur maître parce qu’ils prennent des risques – et non pas d’abord parce qu’ils reviennent avec des bénéfices. Le troisième serviteur quant à lui a eu peur du maître, il ne lui a pas fait confiance. On pourra dire qu’il a été prudent certes. Mais il n’a pas réalisé que le maître lui avait accordé sa confiance en l’invitant à se dépasser lui-même.

S’il avait tenté de placer son talent, même sans que ça lui rapporte, ou pire en le perdant, le maître ne lui en aurait certainement pas voulu pour autant, parce qu’au moins, il aurait pris un risque, il aurait cherché à travailler pour le Royaume (même s’il s’est trompé). L’erreur est humaine. Ce qui ne va pas chez lui, c’est qu’il manque de confiance en la bonté de son maître. Il est pour ainsi dire recroquevillé sur lui-même.

Il en est de même dans la vie spirituelle. Accueillir les dons de Dieu, c’est désirer avoir le goût du risque, c’est-à-dire désirer mouiller sa chemise et se mettre en mouvement, en chemin, pour faire fructifier ces dons et les mettre au service de l’annonce de l’Évangile. Cela peut parfois être déstabilisant, cela demandera sans doute de sortir de sa zone de sécurité. Cela demandera même un certain saut dans le vide, voire un détachement ou déracinement. Mais cela supposera toujours de placer sa confiance dans un Dieu bon, qui lui-même nous fait confiance en se donnant à nous tout entier.

Cette période de confinement est une opportunité pour redoubler d’audace et d’imagination pour faire fructifier nos talents, peut-être de manière différente certes, mais bien réelle cependant. Dieu compte sur nous. Accueillons ses dons. Faisons-les fructifier. Mettons-les au service du Royaume. Il nous fait confiance. Faisons-lui confiance !

Par le Père Paul-Marie de Brunhoff