« Motivation pour Fratelli tutti »

Pour tout vous dire, je n’ai pas lu la dernière encyclique du Pape François, Fratelli tutti (sur la fraternité et l’amitié sociale), donnée la veille de la saint François d’Assise, le 3 octobre dernier. Je l’ai brièvement parcourue, et voici que nous entendions à la messe de jeudi la parole de Jésus : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12, 49). Ce feu n’est autre que celui de la charité de Dieu, l’Esprit Saint lui-même, feu d’amour déposé en langues le jour de la Pentecôte. Aujourd’hui, l’évangile de saint Matthieu l’exprime de manière imagée : toute la Loi est suspendue au double commandement de l’amour du Seigneur et du prochain (Mt 22, 40). Sans doute est-il bon que nous lisions cette encyclique, au moins quelques passages, pour voir qu’aucun changement juste ne peut advenir ici-bas sans le feu de la charité. Et au préalable, cessons de lire les écrits du Pape François comme s’ils étaient des programmes politiques !

Je cite un extrait de l’article du père dominicain Jean-Miguel Garrigues, « Fratelli tutti : une encyclique à recevoir en catholique cohérent » : « Le style abrupt de l’enseignement du pape François peut parfois heurter les sensibilités, mais c’est la nature de l’Église de contenir plusieurs approches. Quels que soient ses accents particuliers, une encyclique ne peut pas se recevoir en rupture avec l’enseignement constant du Magistère. (…) Ce qui peut choquer certains, c’est la manière de s’exprimer du Pape quand il rappelle ces exigences morales de toujours d’une manière si abrupte qu’elle peut sembler ignorer leur délicate mise en œuvre en prudence politique (…). Mais n’est-ce pas aussi de cette manière abrupte que s’exprime parfois le Christ dans l’Évangile, auquel nous nous sommes sans doute trop habitués ? ». Ainsi pourrons-nous trouver dans Fratelli tutti de précieux enseignements pour nourrir notre charité, le feu que nous avons à porter au monde chaque jour. Cet amour ne se limitera plus à une culpabilité et à une émotion fluctuante (celles que nous ressentons parfois au contact du pauvre), il ne sera pas confondu avec la politique, mais sera la source de toute notre personne et de toutes nos actions.

Par le Père Benoît d’Arras